Médias traditionnels, le retour

Médias traditionnels dixit-consulting
Caroline Fabre-Rousseau

Conceptrice-rédactrice

Médias traditionnels : le journalisme à l’ancienne a de beaux jours devant lui

Si les formes et les supports du journalisme ont été profondément transformés par la révolution numérique, si le modèle économique traditionnel a pratiquement disparu, si les journalistes d’aujourd’hui donnent l’impression de courir après l’information déjà diffusée sur les réseaux sociaux, certaines tendances se dessinent qui réhabilitent ce qui caractérise le journalisme à l’ancienne.

Médias traditionnels : Qu’est-ce que le journalisme à l’ancienne ?

C’est une profession apparue progressivement au 19e siècle et consacrée par la création d’écoles, notamment suite à l’affaire Dreyfus et au scandale de Panama. Dotée de droits et de devoirs à l’avénement de la 3e République, elle est intimement liée à la démocratie. Une démocratie vit par et grâce à des citoyens informés, qui ont à leur disposition des journaux d’opinions diverses, dont les informations sont vérifiées et vérifiables.

La presse papier vivait grâce aux abonnements et à la publicité. Tout s’est effondré quand est apparue l’information gratuite et numérique.

Médias traditionnels : Dans le flot, du fond

Pour trier les contenus pléthoriques, l’algorithme a remplacé les choix éditoriaux, sans suivre les mêmes règles : autorité, popularité, réputation, prévision filtrent désormais les informations. C’est ainsi que 95% des navigations Internet se concentrent sur 0,03% des contenus numériques disponibles1.

Or, ces algorithmes font bon accueil à la presse traditionnelle, qui apparaît souvent en haut des moteurs de recherche. Même constatation sur les réseaux sociaux : sur Twitter la presse traditionnelle a beaucoup plus d’abonnés que des sites à la fiabilité douteuse. Le succès du modèle économique du paywall2 et de l’abonnement lui permet depuis peu d’en tirer avantage.

Les effets du Covid sur les médias traditionnels

Cette tendance a été renforcée par la crise sans précédent que nous traversons. Les confinés que nous sommes se sont précipités sur les médias traditionnels pour tenter de comprendre et de s’informer, en faisant le grand écart entre le temps long (discours scientifique) et le temps court (nouvelles quotidiennes). Alors que les annonceurs s’obligeaient à un black out total, faisant chuter les revenus publicitaires, les abonnements montaient en flèche, les audiences radio qui auraient dû s’effondrer faute de trajets automobiles étaient multipliées par 3, les JT retrouvaient leur audience, autant parmi les adultes que chez les jeunes.

 La soif d’information fiable a opéré un revirement majeur. Comme le dit le journaliste politique Frédéric Says : « Historiquement, le rôle de la presse étais d’abord d’apporter de la certitude, dans un monde où la circulation de l’information était rare et faible. Aujourd’hui, c’est d’apporter de l’incertitude, de la nuance, dans un monde où l’information est omniprésente, mais souvent péremptoire. « 

Pour aller plus loin :

Nouveaux modèles économiques des médias

http://bit.ly/3nm4T5h

Mutation des médias

https://bit.ly/2KZsUlC

1 Cf. Dominique Cardon, Culture numérique, Presses de Sciences Po, 2019, p. 147-151 et p. 354-358

2 Incitation à s’abonner pour accéder à l’intégralité d’un article

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