La médiatisation grand public de la médecine, une bonne chose ? Part-1

tv-1844964_1920
#media #covid19 #medecine #discord #confinement
Par Gérald Chanques,

Professeur des Universités

Par le Professeur Gérald Chanques

« La France s’est confinée à domicile, les yeux rivés aux écrans de télévision sur la pire catastrophe sanitaire depuis plus de 100 ans. Beaucoup de questions restent en suspens concernant cette pandémie qui n’a pas encore 6 mois d’existence et qui est peut être encore loin d’être achevée. Le commentaire qui m’est adressé aujourd’hui pour le blog de Dixit consulting concerne la médiatisation du discours médical. Je vais tenter d’y répondre à titre personnel.

Opposition d’idées

  • Le premier sentiment qui semble avoir émergé du grand public comme des professionnels de santé dès les premières semaines de confinement télévisuel, est «trop c’est trop ». La télévision offrait du matin au soir son lot d’angoisse et d’incertitudes quant au phénomène microbiologique potentiellement mortel et sans réponse thérapeutique.
  • Le second sentiment a été justement l’absence de réponse affichée par la majorité des experts invités, ou pire à l’inverse, des certitudes émises par certains, souvent contradictoires ou dont la durée de vie n’excédait pas quelques jours. Le monde a été exposé à la réalité d’une médecine en train de découvrir une nouvelle maladie et de rechercher la meilleure stratégie de prise en charge, préventive et curative.

Consensus

Pourtant, cette opposition d’idées n’a pas été la norme des débats télévisés. La norme a été plutôt au consensus scientifique prudent, discuté par des experts légitimes. Il s’agissait de parler :

  • d’une maladie très contagieuse, nécessitant des mesures barrières, dont on ne connaissait pas exactement le taux de mortalité (plus important qu’une grippe saisonnière mais moins que les infections les plus mortelles).
  • d’une maladie pour laquelle n’existait aucun traitement spécifique réellement efficace (comme c’est le cas pour la majorité des infections virales dont la grippe et le rhume, contrairement aux infections bactériennes ou parasitaires).
  • d’une maladie dont le seul traitement permettant d’éviter aux patients les plus graves d’en mourir, est la réanimation, c’est-à-dire la suppléance intensive des défaillances d’organe : un traitement peu connu du grand public, à cheval entre le symptomatique (traitement des signes de la maladie) et l’étiologique (traitement de la cause).

Si on reprenait les enregistrements des émissions pour quantifier la proportion d’arguments exposés par les experts qui allaient dans le même sens, en la comparant à la proportion d’arguments discordants, on se rendrait compte finalement du degré d’accord assez conséquent.

Mais le grand public comme la communauté scientifique et médicale ne retiendra pas cette relative concorde mais uniquement la discorde, plus ponctuelle. »

De quelle discorde s’agit-il ? Suite dans une prochaine tribune…

Gérald Chanques

Professeur des Universités

Praticien Hospitalier (Anesthésie-Réanimation) au Département d'Anesthésie Réanimation de l'Hôpital Saint Eloi (CHU Montpellier), dans l'Unité de recherche : PhyMedExp,INSERM, CNRS, Université de Montpellier. Il est également secrétaire général et porte-parole du Comité d'organisation des 800 ans de la Faculté de Médecine de Montpellier (1220-2020)

No posts found!

Partager