Algorithmes : comment les apprivoiser

IA algorithmes
Caroline Fabre-Rousseau

Conceptrice-rédactrice

Les algorithmes inductifs de Netwave, vous vous souvenez ? C’était le sujet de notre dernière Tribune libre. Les algorithmes sont la base de l’intelligence artificielle et de l’informatique en général (science de l’information). Objet de fascination et de crainte pour beaucoup de nos contemporains, ils méritaient bien un article. Comment s’y retrouver et apprivoiser les algorithmes, surtout quand on n’est pas matheux ?  Suivez le guide.

 Algorithmes, mode d’emploi

Les données

Le recueil des données est la grande affaire de notre siècle.

  • Pourquoi ?

Car les données sont utiles pour prendre des décisions, orienter des choix, affiner des diagnostics.

  • D’où viennent-elles ?

Dans le domaine médical, prélèvements de laboratoires et imageries médicales fournissent des milliers de données.

Dans la vie courante, les données sont recueillies au détour des sites, des formulaires d’inscription, etc. En Europe, grâce au règlement général de protection des données (RGPD), il est interdit de les utiliser sans le consentement de leur propriétaire. En France, c’est le cas depuis la loi Informatique et Libertés de 1978 (n°78-17). Ce sujet important du consentement de l’utilisateur pourra d’ailleurs faire l’objet d’un autre article…

  • Comment ?

Les données en tant que telles ne permettent rien. C’est leur analyse et leur exploitation qui permettent d’en tirer de la valeur.

À noter que si l’on part de données de piètre valeur, on arrivera à de piètres résultats, ce qui peut amener les humains à prendre de mauvaises décisions. Un des principaux problèmes en data science est d’ailleurs l’étape initiale de nettoyage des données récoltées, pour pouvoir ensuite les exploiter efficacement.

Pour arriver à traiter ces données, la puissance de calcul des ordinateurs est indispensable. C’est là qu’interviennent les algorithmes.

Algorithmes : un peu d’histoire

  • Origine

Ce nom savant vient d’un Monsieur Algorithme, forme latinisée d’Al Khwarismi, savant persan du IXe siècle. Il avait écrit un ouvrage intitulé Aljabr (qui donnera algèbre), traitant d’une discipline déjà connue et explorée par les savants antiques en Grèce (dont Euclide), et bien avant en Mésopotamie, en Égypte et en Inde.

  • Définition

L’algorithme est une méthode destinée à résoudre un problème grâce à une suite d’opérations.

Ainsi, les vulgarisateurs aiment à dire qu’une recette de cuisine est un algorithme…

  • Machines à calculer

Deux autres noms sont à connaître dans l’arbre généalogique de l’algorithme : Leibnitz et Turing. Le premier créa au XVIIe siècle une merveilleuse machine à calculer pour épargner aux gens intelligents de longs calculs fastidieux. Son invention est d’ailleurs dérivée de celle de Pascal, dont la pascaline permettait dès 1642 de faire des calculs élémentaires mécaniquement.

Le second a eu un rôle important dans la théorisation de l’informatique, avec la conception et l’utilisation d’un ordinateur électro-mécanique pour casser le code Enigma utilisé par les Nazis pendant la Seconde Guerre Mondiale. Il prouvait ainsi qu’une machine pouvait exécuter diverses tâches, pourvu qu’elles soient au préalable définies et organisées. La définition même de l’algorithme.

Les algorithmes rendent donc de nombreux services. Cependant, ce terme aujourd’hui fait peur. Pourquoi ?

Algorithmes, danger ?

Ce qui fait peur, ce ne sont non pas tant les algorithmes, (poser une division ou une addition à la main n’est pas dangereux), que l’utilisation généralisée des algorithmes pour répondre à n’importe quelle question et ce, sans discernement.

Oui

En effet, les algorithmes sont partout et peuvent influer sur nos comportements en prédisant météo, rencontres amoureuses, itinéraires, menus, choix de voyages et achats en tout genre.

De plus, ils ont été conçus par des humains qui ont des biais cognitifs qui peuvent influer sur le résultat. On a en mémoire les fameuses machines à savon qui reconnaissent la peau, mais qui n’avaient pas été programmées pour reconnaître la peau noire. Cette population en a conclu que ces distributeurs de savon ne marchaient pas. Plus grave, la reconnaissance faciale avec ce biais…

Le problème des algorithmes est lié à l’éthique. Ce sont toutes les questions posées par la voiture automatisée. Des choix éthiques vont devoir être résolus par la machine : en cas de crash inévitable, faut-il sauver telle ou telle personne au détriment de telle autre, sur quels critères ? À qui incombe la responsabilité de l’accident ? Situation extrême, sur laquelle se penche un groupe d’experts à la Commission Européenne, en vue de réguler ce genre de casse-tête.

Non

Le reste du temps, les algorithmes proposent des suggestions, que l’on est libre de suivre ou pas. Ainsi sur un site de rencontres, ce n’est pas parce qu’un profil est recommandé que c’est la bonne personne.

Dans le domaine médical, les algorithmes permettent des avancées remarquables : détection précoce de cellules cancéreuses en radiologie par exemple. Les algorithmes sont un puissant outil d’amélioration du diagnostic : prédiction d’une maladie et de son évolution, recommandation de traitement personnalisé, protocoles personnalisés d’aide au diagnostic en cas de grossesse débutante, etc.

Ils permettent d‘améliorer les performances des chirurgiens, avec les opérations assistées par ordinateur, et même d’accroître la qualité de vie des personnes âgées ou handicapées avec des robots adaptés.

Pour conclure, tant que l’algorithme reste un outil, il n’est pas dangereux. Comme le dit Aurélie Jean :« Même si un algorithme peut faire des choses, ça ne veut pas dire qu’on le laissera faire ». Il permet même de consacrer plus de temps à la créativité, à l’imagination, à l’art, bref à l’humain !

Pour aller plus loin :

https://www.lepoint.fr/invites-du-point/aurelie-jean-en-intelligence-artificielle-ce-n-est-pas-la-taille-qui-compte-07-02-2021-2412932_420.php


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